Interview de Nohad Azzi, Présidente de Libami Beyrouth.

Merci Nohad de prendre du temps pour répondre à des questions que l’on se pose en France.

Bon courage à vous et à toute l’équipe de Libami à Beyrouth

 

  • Nohad, comment avez-vous vécu ces derniers jours ?

 

Ces derniers jours ont été terriblement éprouvants. En plus des familles que nous aidons déjà, nous avons accueilli des personnes déplacées à cause des bombardements ou la perte de tout leur bien, qui viennent se réfugier chez leurs proches chez nos familles. Cette guerre doit absolument cesser. Nous vivons avec la peur constante des drones et des avions qui survolent nos têtes jour et nuit, c’est un bruit assourdissant qui nous empêche de dormir. Les enfants se réveillent en sursaut, tremblants de peur, pleurant pour des parents disparus ou une maison qu’ils ne reverront jamais. Nous faisons de notre mieux pour apaiser ces petits cœurs meurtris, mais leur douleur est déchirante. Ils ont tout perdu, et ce qu’ils ont vu et vécu les hantera longtemps.

Mes sentiments ne peuvent pas être exprimés que par des mots qui sortent du cœur, je sens mon âme blessée, déchirée qui saigne suite aux malheurs des familles surtout les enfants.

Ça me revient en tête, quand j’ai été expulsée de mon village de Damour le 19 Janvier 1976 et obligée de le quitter en bateau  et d’être réfugiée dans mon pays sans rien prendre avec moi.

Aujourd’hui, que c’est dure de le revivre !

 

  • Nous savons que vous avez besoin de tout. Mais quelles sont les urgences ?

Les besoins les plus urgents concernent la nourriture, les soins médicaux et les produits d’hygiène. Les familles déjà soutenues par Libami, qui accueillent leurs proches déplacés ont déjà du mal à subvenir à leurs propres besoins, et avec l’arrivée de nouvelles personnes, leur situation devient désespérée. Imaginez des parents qui ont à peine de quoi nourrir leurs enfants, et qui voient arriver leurs frères, leurs sœurs, des neveux et nièces, ayant fui sans rien, affamés et épuisés. Les denrées alimentaires sont essentielles pour simplement survivre un jour de plus. Les médicaments, quant à eux, sont vitaux pour des enfants et des personnes âgées qui ont dû tout abandonner, y compris leurs traitements médicaux. Et puis, il y a les produits d’hygiène. Dans ces conditions précaires, un simple rhume peut rapidement devenir une infection grave, et le manque de savon ou de désinfectant pourrait transformer une petite plaie en un risque majeur d’infection. Nous avons aussi un besoin urgent de vêtements de rechange, y compris des sous-vêtements, des chaussettes, des chaussures et des survêtements, pour permettre à ces familles de garder un minimum de dignité. Chaque don, aussi petit soit-il, peut aider à offrir une lueur d’espoir à ceux qui ont tout perdu.

 

 

  • Parlez-nous de l’école. La rentrée est-elle reportée ? Comment gérez-vous les inscriptions ? Les enfants de Libami, vont-ils être tous inscrits ?

La plupart des écoles ont repris difficilement en présentiel tandis que les autres écoles vont reprendre Lundi le 21 Octobre 2024 car dans notre région la plupart des familles n’ont ni électricité, ni internet et ni tablettes pour faire leur étude en ligne. Les frais scolaires sont devenus insurmontables pour de nombreuses familles, et c’est une véritable tragédie. Nous faisons tout notre possible pour que les enfants aidés par Libami puissent être inscrits, et grâce aux parrainages de Libami en France, nous pouvons scolariser les enfants. Pourtant malgré nos efforts, il reste beaucoup d’enfants sans parrainage. Imaginez des enfants réfugiés, des rêves plein les yeux, qui n’attendent que la chance de retourner à l’école, mais qui doivent rester à la maison parce que leurs parents n’ont pas de quoi payer les frais. Cela me brise le cœur. Ils nous demandent quand ils pourront revoir leurs camarades, apprendre, jouer… et nous n’avons pas de réponse à leur donner. Nous savons à quel point l’éducation est leur seule chance de construire un avenir meilleur, et les voir privés de cela est une douleur indicible. Leur seul crime est d’être né au mauvais endroit, au mauvais moment, le Liban.

 

A très bientôt, je répondrai à toute vos questions

Merci à nos amis français, Merci Libami en France.

 

 

 

 

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